


FAMILLE DE LA JUNIE OU LÉJUNIE
Les graphies suivantes se mélangent : La Junie, Lajunie, Lajeunie ; ou Léjunie, graphie qui prévaut dans les actes d'état-civil de Gensac...
Selon Léo Drouyn, au XVIIIe, le château appartient à la famille de La Junie : pour son mariage à Gensac le 30 janvier 1775, avec Marie Dailhe de Barrailhon, Gabriel de La Junie est dit : Ecuyer, Gendarme de la garde, chevalier de l'ordre royal et militaire de St-Louis, seigneur de Valens. Il est le fils de François, garde du roi, né à Sainte-Foy-la-Grande, et de Jeanne Descrambes ; et le petit-fils d'Hélie, sieur de Jarnac, conseiller du Roi, écuyer (Jarnac correspond probablement à une terre sur la commune d'Eynesse, entre Sainte-Foy et Gensac). Les sources les plus anciennes que j'ai pu trouver renvoient à une famille de bourgeois foyens, qui ont été consuls de Sainte-Foy-la-Grande, "de père en fils", entre 1665 et 1695, anoblis au début du XVIIIe (la première mention de "sieur de Jarnac" apparaît en 1705). Le seul lien éventuel avec les précédents propriétaires et seigneurs de Valens est la famille Dailhe : Isabeau de Flayac ayant épousé Pierre D'Ailhe, et Gabriel Léjunie, Marie Dailhe. Mais entre le mariage Dailhe & Flayac et le mariage Léjunie & Dailhe, plus d'une centaine d'années a passé, à savoir quatre à cinq générations, et le dernier propriétaire connu est Jean-Jacob de Nogaret. D'ailleurs, le grand-père de Marie est dit seigneur de Baraillon... Le plus vraisemblable est donc que la famille Léjunie a acheté Valens.
Les recherches de J.-C.Huguet aux Archives départementales de la Gironde, dans les actes notariés, indiquent que, le 7 décembre 1747, intervient dans un acte du notaire Vernadet « sieur François Lejunie entien garde du Roy et seigneur de la maison noble de Valens ». On retrouve au mois de mars 1749 le même François Léjunie, dit « seigneur de Valens, ancien garde du corps du roi, habitant à Ste-Foy », dans un autre acte du même notaire.
Mais peut-être cette vente est-elle postérieure à 1732, car lors de son mariage avec Jeanne Descrambes, le 10 juin 1732, le même François Léjunie, habitant Flaujagues comme son épouse, est seulement honoré du titre d’« ancien garde du roi ».
En 1757, lors du mariage de Jean Denois et d’Anne Tausia à Flaujagues, deux Léjunie signent, dont un « Léjunie de Vallens ».
Une première fille, Marie Magdeleine, naît en 1776. Elle est baptisée à Gensac. Elle se marie avec Pierre Simon Jude Doucet en 1799. Deux filles naissent de ce mariage : Anne, née en 1813, décédée à l'âge de 9 jours ; Jeanne, décédée en 1815.
Une deuxième fille de Gabriel Léjunie, Marie Magdeleine, naît le 15 octobre 1777 à Valens. Elle épouse Antoine Espert, le 27 juillet 1794 à Gensac. Les époux divorcent le 2 mai 1806, Madeleine habitant Vallin. De cette union sont nés : Marie (qui décède à Valens le 28 vendémiaire an 13, à l'âge de 3 ans), Jacques (qui décède à Valens - la maison de sa mère - le 18 mars 1805 à l'âge d'environ quatorze mois), et Anne Virginie.
Une troisième fille de Gabriel, Anne-Marie, naît en 1780, elle est baptisée à Gensac. Elle se marie avec Pierre Poisson, maître de poste, en l'an 3 de la République, et a un fils, Pierre, né en 1811, décédé en 1817 à l'âge de six ans. Les parents ne sont pas domiciliés à Valens.
Une quatrième fille, Élisabeth, naît à Valens le 8 décembre 1781. Celle-ci épouse Charles Henri Bouchereau, agriculteur à Saint Martin du Puy.
En 1793, Gabriel Léjunie est instituteur.
Il décède à Valens le 30 août 1803. À son décès, il est agriculteur : la Révolution est passée par là.... Il est depuis longtemps séparé d'avec sa femme, qui est domiciliée à Juillac en l'an 7 de la République, où elle se remarie en l'an 13, son nom étant orthographié D'Ailhe...
Magdeleine Léjunie, divorcée, accouche le 13 janvier 1809, à Valens, d'un fils Louis, de père inconnu. Il est le dernier mâle connu de la lignée à s'appeler Léjunie ! On ne sait rien de plus le concernant pour le moment.
Anne-Virginie, fille d'Antoine Espert et Magdeleine Léjunie épouse le 21 avril 1820, à Gensac, Pierre Duroc Bérard, chirurgien. Anne Virginie habite "au lieu de Valens", avec sa mère. De cette union naît Magdeleine, à Vallin, le 12 novembre 1820 (de cette naissance est témoin Pierre Doucet, propriétaire, environ 50 ans).
En 1820, la famille habite donc toujours Valens. Voir la page "après la Révolution".
Les petits-enfants de Gabriel qui ont échappé à la mortalité infantile, sont essentiellement des petites-filles, qui se marient à leur tour, et les descendants, si tant est qu'il y en ait, portent donc les noms de famille des époux : Bérard, Bergey, Merlet du Grava, Robineau... Quant à Louis, le fils de Magdeleine, seul descendant à porter le nom de famille Léjunie, je n'ai pas trouvé pour l'instant de traces de lui. Il y a peut-être trop d'héritiers à la mort de Gabriel, et la vente fut probablement la seule solution envisageable.
La famille Lajunie possédait une maison à Gensac : « le 2 octobre 1727, la demoiselle de Lajunie donna à loyer, pour le prix annuel de 36 I., sa maison à Anne Gadet, supérieure des Dames de la Foy. Mais, le 22 juillet 1743, ladite demoiselle, dit le subdélégué (1770), " fit un acte aux Dames de la Foy en vuidange de sa maison et, en conséquence assigna la supérieure, le 3 août suivant, devant le sénéchal de Castelmoron " ». Interventions de l'Intendant et de l'Évêque : la conclusion de cette affaire fut l'achat de la maison Lajunie par la ville de Gensac. Les officiers municipaux y avaient consenti dès le 22 novembre 1771, mais avec l'intention d'en faire un Hôtel de Ville. Sur les réclamations de l'Intendant, ils se décidèrent à prendre, le 27 mars 1772, une nouvelle délibération où il était dit que « leur intention est d'acheter la maison du sieur Lajunie pour y fournir un logement aux dames religieuses de l'Enfant-Jésus, tant que la communauté les jugera nécessaires pour l'éducation des jeunes filles ». in : Contribution à l'histoire de l'instruction primaire dans la Gironde avant la Révolution / par M. le chanoine E. Allain,...- 1895
Quant aux Lajonie (La Jaunie, Lajaunie, Lajonie, Lajonnie), s'agit-il de la même famille ? Jacques Denis Lajonie est sieur de Lapeyre et épouse à Gensac, en 1744, Marie Fouignet. Lapeyre est le nom d'un lieu-dit, le plus proche de Valens, où se trouvait une maison fortifiée.
En 1792, Monsieur Lajaunie Lapeyre est député de la Convention Nationale pour Gensac (ainsi que Jean Durège, de Pessac, curé).
Jean-Jacques Lajonie est maire républicain de Gensac en 1880 et 1886, président de la Société de Secours Mutuel de Gensac en 1892 et 1903. Il est viticulteur à Lapeyre en 1897, et 1899.
FAMILLE DIGEON
En 1780 Philippe Digeon est co-seigneur pour un quart de la maison noble de Valens. À qui sont attribués les trois-quart restants ? On peut supposer qu'ils appartiennent à la famille Lajunie.
La famille Digeon est originaire de l'Agenais. Famille protestante, dont certains membres ont dû se réfugier en Prusse à la révocation de l'Édit de Nantes.
Pierre Digeon de Monteton, écuyer, baron, seigneur de Monteton (en Agenais), fils d'Henri, a épousé Magdeleine Du Rège en 1690. Leur fils Pierre naît en 1692 à Pessac-de-Gensac. Il épouse en 1724 Élisabeth de Ségur-Boirac. Le fils de ces derniers, Jean-Jacques, naît lui aussi à Pessac-sur-Dordogne, en 1725, et épouse, à Pellegrue, en 1754, Suzanne Narbonne Pelet (fille d'armateur bordelais). De cette union naît Philippe (1756 - 1835) dont on peut supposer que c'est lui le co-seigneur de Valens en 1780. Titre hérité : de de sa grand-mère Élisabeth de Ségur ? De son arrière grand-mère Magdeleine du Rège ? De son arrière arrière grand-mère Jeanne Dailhe ?
Dans l'arbre généalogique de Philippe Digeon, on trouve Charles dont le frère Jean a épousé Anne de Lustrac, laquelle a pour lointaine ancêtre Hélène de Valens... Mais cela dit seulement à quel point les familles étaient liées entre elles.
La famille Digeon possédait une terre à Pessac-sur-Dordogne, au lieu dit Pépe(t) dont Pierre Sauviac, décédé en 1793, était métayer à sa mort. On retrouvera la famille Sauviac au Château Valens, au début du XXème siècle...
Sans aucun doute, le Philippe Dijon, propriétaire à Gensac, et Pellegrue, qui fait partie de la liste des émigrés en 1792, est Philippe Digeon de Monteton.
Références de cette page (dans l'ordre d'apparition) :
Léo Drouyn et le Canton de Pujols, t.2, éditions de l'Entre-Deux-Mers, 2009, p. 100.
AD33 - Ste-FOY Baptêmes - Mariages - Sépultures • 1 Mi EC 91-R2 - 82_158
Archives de Gironde, Inventaire sommaire C Tome 2 C 3857.
AD33 Actes protestants : Baptêmes • 1 Mi EC 205-R1 - 311_391
AD33 - GENSAC - 1771-1779 • E DEPOT 2269 • GG 5 - 71_111 et 87_111
AD33 GENSAC Mariages. • E DEPOT 2276 • E 2 - 130_238, 46_238, et 43_238
AD33 GENSAC Naissances. • E DEPOT 2278 • E 4 - 162_223
AD33 - GENSAC 1780-1787 • E DEPOT 2270 • GG 6 - 12_109 et 24_109
AD 33 GENSAC E dépôt 2280
AD33 GENSAC - Mariages. Mariages. • E DEPOT 2282 • E 8 - 71-106
Registre état-civil de GENSAC - collection communale - AN XI / 1822 - n° 293 / 553
AD 33 recensement Gensac 1820 - 6 M 178/3/1
Archives Municipales de Gensac, registre d'état civil de 1840.